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En direct de la Silicon Valley : Les cinq principaux ingrédients de l’innovation

En direct de la Silicon Valley : Les cinq principaux ingrédients de l’innovation

Il va sans dire que les exemples les plus révélateurs pour illustrer la force de l’innovation dans la vie des organisations viennent de la Silicon Valley en Californie. Il suffit de citer les exemples de Apple, Amazon, Google, Facebook, Twitter, Airbnb, Uber et de Netflix pour réaliser l’ampleur de la transformation que leurs trouvailles ont engendrée sur nos comportements à l’échelle du Monde, et donc sur le plan aussi bien économique que social.

Voulant comprendre le secret de cette région, j’ai profité d’un séjour en Californie, et en particulier à Sunnyvale, une petite ville au cœur de la Silicon Valley, pour réaliser quelques entretiens avec des gestionnaires et ingénieurs issus d’entreprises de la place et observer la vie dans ces petites villes satellitaires qui ont fait la magie de cette région, à savoir Palto Alto, Mountain View, etc. J’ai complété cet exercice par une analyse documentaire sur la région et ses entreprises innovantes.

Certes, il est difficile de dupliquer la recette de la Silicon Valley. En effet, il n’est pas courant d’avoir un écosystème avec une telle densité d’entreprises hautement technologiques, d’universités de prestige et de sources de financement abondantes. Mais il est possible de tirer certaines leçons simples à appliquer dans d’autres contextes tel que le nôtre, en focalisant sur cinq éléments clés.

 

  1. Oser la différence

L’innovation à la Silicon Valley repose sur cette envie de trouver (to find) quelque chose de nouveau qui fonctionne et qui apporte de la valeur. Selon Booz & Company, 90% des entreprises de Silicon Valley ont des stratégies axées sur l’innovation, contrairement à 20% à l’échelle mondiale. L’imitation est mal vue dans cette région. Ceci pousse les individus et les entreprises vivant dans la vallée à chercher l’unicité et la transformation. Il ne s’agit pas là de chercher à inventer et de faire preuve de génie scientifique mais de trouver des réponses originales aux besoins des gens et ce d’une manière étendue. Ainsi, le nombre de prix Nobel per capita en France est, certes, beaucoup plus élevé qu’en Suède, en Suisse et en Finlande mais ces trois pays sont dans le top 5 des pays les plus innovateurs dans le Monde, selon le Global Innovation Index, aux côtés de la Grande Bretagne et des Etats-Unis.

Cette volonté d’être différent et la certitude de pouvoir façonner le futur sont essentielles pour innover. A cela, il faut ajouter l’attitude positive envers les changements qui est aussi déterminante pour les firmes innovatrices de la Silicon Valley. Ces dernières se caractérisent par leur capacité à se remettre en question et à se renouveler continuellement. Elles y sont certes encouragées par leurs clients avides de nouveautés, en plus de leur capacité d’adaptation et leur goût pour le risque. Ceci crée un cercle vertueux où developers et adopters partagent le goût de la nouveauté et du changement.

En parallèle à cela, la force des entreprises innovatrices de cette région réside dans leur capacité à accepter l’échec et de capitaliser dessus pour réussir au bout du compte. L’échec est perçu, dans ce cas, comme une étape du chemin qui mène vers le succès d’une innovation. Ceci est d’autant plus important si on tient compte du fait que l’innovation est souvent associée à un taux d’échec élevé. D’une manière générale, plus de 90% des projets d’innovation échouent. En d’autres termes, pour les entreprises de la Silicon Valley, les erreurs sont considérées comme des opportunités d’apprentissage et d’évolution, et les imperfections font partie de tout processus d’innovation. Cette tolérance aux erreurs encourage l’esprit d’initiative et la prise de risque dans les entreprises de cette région. Elle évite aussi les délais longs dus aux multiples précautions qui, parfois, paralysent ou bloquent la réalisation d’un nouveau projet. De cette manière, elle favorise l’agilité nécessaire pour innover et surtout pour avoir l’avantage du premier arrivé. De plus, elle pousse les individus à explorer de nouveaux concepts et territoires.

  1. La culture d’amélioration continue

L’innovation ne doit pas être un processus long qui cherche à produire des solutions parfaites. Comme l’indique Facebook sur un de ses murs, « Done is better than perfect ». De ce point de vue, l’accent est mis sur l’achèvement des projets dans les délais les plus courts, de leur expérimentation et leur évolution selon la devise « Do it, Try it, Fix it ». Pour ce faire, l’approche itérative est privilégiée en prônant l’importance de trouver une première solution, de la faire évoluer en passant par plusieurs solutions approximatives mais de plus en plus proches de la solution recherchée.

En ce sens, l’accent est mis sur l’amélioration continue des solutions. Le fait que l’innovation ne soit pas parfaite au départ est une chose normale. L’évolution incrémentale des nouvelles solutions est privilégiée. Pour innover, il est important d’accepter de faire avancer pas à pas les différentes solutions innovantes au lieu d’attendre le développement de solutions complètes voire parfaites. Ceci est d’autant plus important si on tient compte du rythme rapide d’évolution des produits et solutions.

De ce point de vue, l’amélioration continue s’avère un concept fondamental dans le processus d’innovation. En effet, l’innovation ne se limite pas dans ces entreprises aux trouvailles rares ou uniques. Au contraire, elle consiste en un esprit et une éthique de travail reposant sur l’analyse des actions réalisées et leur évaluation continuelle. Les entreprises innovatrices se caractérisent ainsi par leur capacité à faire évoluer leurs concepts. Par conséquent, l’innovation repose sur la rapidité du processus de génération et d’évaluation des idées, du développement des solutions et de leur adaptation. Cette démarche permet, d’une part, aux entreprises innovatrices d’occuper le terrain en premier. D’autre part, elle favorise l’interaction avec les clients et donc l’évolution des solutions nouvellement introduites.

Cette culture d’amélioration continue est renforcée par l’efficacité organisationnelle de ces entreprises. En premier lieu, la prise de décision est accélérée au sein des entreprises à travers des mécanismes de coordination simples mais efficaces, des structures horizontales favorisant la proximité entre les membres de l’entreprise. En second lieu, le personnel fait preuve d’une productivité exemplaire. Ils ne travaillent pas forcément plus mais assurent une efficience hors pair. En effet, il suffit de voir les bureaux de la Silicon Valley se vider à 17h durant la semaine ou les gens profiter de leur week-end pour comprendre que ce n’est pas une question de quantité de travail mais surtout de qualité. Ainsi, les entreprises innovatrices sont plus rapides que leurs homologues, grâce à leur agilité organisationnelle qui leur permet de faire plus de cycles itératifs et perfectionner leurs solutions dans des délais très courts.

  1. Une affaire de coopération

L’innovation est une affaire de coopération entre les différents acteurs d’un contexte donné. Sur le plan interne, elle ne repose pas seulement sur le rôle du top management. Au contraire, les idées proviennent de tous les membres de l’organisation. Les firmes usent d’incitatifs et de processus pour encourager leurs membres à proposer des projets d’innovation. Pour ce faire, les entreprises utilisent les mécanismes nécessaires pour générer les idées d’innovation et faciliter les échanges entre les différentes unités de l’entreprise. En ce sens, le travail en équipe est de mise. De plus, une fois des innovations potentielles détectées, il est essentiel de donner les moyens aux collaborateurs qui les portent pour les réaliser et leur donner vie.

L’esprit de coopération règne aussi sur le plan externe. D’abord, l’interaction avec le client et/ou le consommateur apparaît comme essentielle dans le processus d’innovation. Cela semble simple mais c’est une démarche qui consiste à écouter le client et détecter ses nouveaux besoins d’une part, et à le faire participer dans le développement des solutions, dans leur test et dans leur amélioration d’autre part. En d’autres termes, on n’innove pas pour le client mais avec lui.

D’ailleurs, malgré la forte compétition qui règne entre les entreprises de la région, la collaboration pour la réalisation des projets d’innovation est chose courante. En effet, ce qui a attiré mon attention est le fait que de grandes entreprises déjà établies telles que Google, Yahoo, Apple, Amazon et autres, contribuent dans les mêmes projets d’innovation. Ces dernières jouent un rôle de catalyseur des activités d’innovation initiées par les start-ups, avec pour objectif de faire avancer leurs solutions, en développer de nouvelles, etc.  Il est remarquable de retrouver autour d’une même table des concurrents investissant dans la même technologie. Dès lors, l’innovation devient une construction collective.

  1. Les talents d’abord

Les entreprises de la Silicon Valley ont compris que le capital humain est l’élément le plus déterminant dans le processus d’innovation. En ce sens, les entreprises de la région s’assurent de la mise en place d’une politique de Talent Management et non de Gestion des Ressources Humaines. Ainsi, les entreprises anticipent leurs besoins en RH en cohérence avec leurs stratégies corporatives. Elles s’assurent de mettre en place les mécanismes et les conditions nécessaires pour attirer les meilleurs profils. Cette démarche est indispensable vu la rareté des ressources humaines dans la vallée. En fait, une concurrence féroce au niveau des ressources humaines caractérise la région, surtout quand il s’agit de compétences à haut potentiel. Dès lors, des incitatifs financiers sont mis à contribution pour permettre d’attirer les meilleurs talents.

Dans cette perspective, les employés ne sont pas recrutés pour combler un poste en particulier mais pour contribuer à la stratégie globale de l’entreprise. Le potentiel d’évolution de chaque recrue est pris en considération et des efforts de formation et/ou de coaching sont déployés pour l’accompagner. Aussi, le rôle des managers opérationnels est plus déterminant dans la gestion des talents que celui des gestionnaires des Ressources Humaines de l’entreprise.

Dans le même ordre d’idées, la fidélisation est un enjeu important vu le coût engendré par la perte d’un membre de l’entreprise. Ainsi, les entreprises innovatrices construisent en général une culture RH positive qui repose sur le plaisir et la fierté. En procédant ainsi, elles libèrent la créativité de leurs membres et améliorent la qualité de leur travail.  Elles misent sur les conditions de travail pour garantir le confort nécessaire au travail, notamment avec des espaces agréables et des services au personnel. Une gestion flexible est adoptée pour correspondre aux attentes de ces talents. A titre d’illustration, le travail à distance et la gestion par projet sont privilégiés pour fidéliser le personnel. Aussi, les relations interpersonnelles inspirent la confiance, les espaces de travail favorisent les rencontres et les gestionnaires misent sur la proximité avec leurs collaborateurs.

  1. La diversité comme catalyseur

Les entreprises de la Silicon Valley sont des espaces où différentes origines ethniques se croisent. Selon le Silicon Valley Index, environ 40% des travailleurs de la région sont nés en dehors de Etats-Unis. Dans les métiers de l’informatique et des mathématiques, ce pourcentage avoisine les 70%. La région elle-même est très diversifiée. En effet, la moitié de la population parle une autre langue à la maison que l’anglais.

Le brassage de diverses cultures pousse les gens à sortir de leur cadre de réflexion habituelle, pour adopter une vision ouverte et une attitude flexible. Cette ouverture d’esprit et cette flexibilité se traduisent par une tolérance aux nouvelles idées, une capacité d’adaptation aux changements et donc une agilité organisationnelle. Aussi, le mélange des backgrounds enrichit les échanges et favorise la création de nouvelles idées. Des personnes ayant des expériences différentes ont forcément des perspectives différentes pour envisager une solution à un problème.

Par ailleurs, la diversité culturelle des équipes se traduit par une meilleure compréhension des besoins des clients. Dans une économie de plus en plus globalisée, cette diversité permet le développement de solutions adaptées prenant en considération les différences susceptibles d’exister entre les clients. A la diversité culturelle, vient s’ajouter celle des disciplines. Les équipes projets regroupent des personnes issues de différents départements. Les ingénieurs doivent travailler avec leurs collègues des autres fonctions (Marketing, Commercial, production, etc.). Les équipes d’innovation comprennent aussi bien des managers que des techniciens, etc.

Partant de là, il apparaît que l’innovation est avant tout une question de management. Elle repose sur des pratiques de bonne gestion qui sont à la portée des entreprises issues des pays émergents et qui accorde une grande importance au rôle du gestionnaire. L’innovation ne se limite donc pas aux facteurs contextuels que les managers ne contrôlent pas vraiment comme le pouvoir d’achat des clients, la politique nationale d’incitation à la R&D, la culture du consommateur, le cadre réglementaire, etc. Elle ne se fait pas exclusivement dans des contextes riches en ressources financières et humaines. Il suffit de rappeler les exemples de l’innovation frugale qui ont caractérisé des pays comme l’Inde, le Kenya, etc. Au contraire, l’innovation est un processus qui repose sur des valeurs et des façons de faire que les managers développent au sein des entreprises.

De ce point de vue, le rôle des managers est déterminant pour les activités d’innovation. Premièrement, il doit encourager la prise de risque et tolérer l’erreur, tout en assurant le suivi et la coordination nécessaires pour tirer profit de ces deux dimensions sans compromettre la survie de son organisation. Deuxièmement, il doit favoriser la gestion efficace et efficiente en mettant en place des processus décisionnels fluides et une politique d’amélioration continue. Troisièmement, le manager doit promouvoir la coopération entre les différents départements et/ou directions et s’assurer de la participation des différents acteurs de l’entreprise. Quatrièmement, il est appelé à doter son organisation d’une stratégie RH capable d’attirer et de fidéliser les meilleurs talents. Enfin, le manager a pour mandat de diversifier son équipe afin de favoriser la génération de nouvelles idées au sein de l’entreprise.

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