Les télévoteurs, pour des étudiants engagés
Par Brahim Allali, Professeur ESCA Ecole de Management
Enseigner aux milléniaux est indubitablement un grand défi. Il devient impensable et impossible de leur enseigner dans un univers « déconnecté ». Comment alors les « connecter » sans courir le risque de perdre leur attention ? Comment canaliser cette dernière vers l’apprentissage plutôt que de voir leurs esprits naviguer dans les nuages de l’ennui et de l’indifférence ? La méthode que j’ai eu l’occasion de mobiliser dans mon enseignement à ESCA École de Management et qui a amélioré significativement aussi bien le processus d’apprentissage que l’engagement des étudiants consiste en l’utilisation des télévoteurs.

Un télévoteur est une sorte de télécommande avec 9 boutons (numérotés de 1 à 9 et de A à I). Ces télévoteurs sont distribués aux étudiants au début de la séance et le professeur leur propose des questions à choix multiples avec pour instruction de cliquer sur le numéro ou la lettre correspondant à la réponse qu’ils jugent être la bonne. Bien entendu, les questions sont préalablement préparées et saisies grâce à un logiciel spécial sur l’ordinateur du professeur. Les questions choisies n’ont pas toujours une seule réponse directe, comme c’est d’ailleurs le cas dans la réalité de la gestion des affaires. Les réponses sont centralisées par le truchement d’une clef-réponse sur l’ordinateur de l’enseignant.
Quand tout le monde a voté (le professeur suit la progression du vote sur son moniteur), le vote est fermé et les étudiants voient immédiatement sur l’écran les résultats obtenus. Partant de là, les étudiants sont invités, sur une base volontaire, à partager avec le reste de la classe les réponses qu’ils ont données et surtout de les justifier. Le débat ainsi créé enrichit considérablement l’apprentissage et incite les étudiants à s’ouvrir à d’autres options et arguments qu’ils n’avaient pas considérés au moment de leur choix initial. Ensuite, les étudiants découvrent les éléments de réponse dans les explications données durant la séance et les activités pédagogiques programmées. Cela contribue à maintenir l’attention des étudiants en éveil durant toute la séance. La synthèse que nous construisons ensemble à la fin de la séance nous permet de donner des réponses directes aux questions posées au début.
Cette méthode a considérablement augmenté l’engagement des étudiants et leur ouverture d’esprit (open-mindedness) par rapport à d’autres façons de faire, d’autres modes de raisonnement et d’autres façons de voir les choses. En plus, le vote anonyme facilite l’intégration des étudiants timides et/ou peu confiants en eux-mêmes en leur donnant l’occasion de participer à la construction de l’apprentissage (sans perdre la face). Le fait de voir d’autres étudiants, qui ont choisi la même réponse qu’eux, justifier leur choix les conforte et leur permet de gagner progressivement en confiance et en assertivité. Le débat permet également d’aborder d’autres aspects de la question auxquels le professeur pourrait ne pas avoir songé au moment de préparer le cours. Il lui donne aussi l’occasion de se rendre compte de certaines lacunes au niveau des apprentissages des étudiants. En termes plus simples, cette méthode permet l’inclusion de tous les étudiants, le renforcement de l’apprentissage et la mise à nu de certaines difficultés et faiblesses auxquelles il convient de remédier.
Bien entendu, le rêve de tout professeur est d’avoir des étudiants engagés et actifs, deux qualités qui favorisent l’apprentissage. L’utilisation des télévoteurs permet justement de susciter l’intérêt des étudiants dans le cours et maintient leur attention en éveil tout au long de la séance. En effet, et comme les bonnes réponses ne sont pas données par le professeur au moment de la visualisation des résultats, les étudiants sont maintenus en éveil pour trouver eux-mêmes les éléments de réponse durant toute la séance.