Les technologies en pédagogie
Par Imad-eddine HATIMI, Directeur des Accréditations (ESCA Ecole de Management)
La question d’utilisation des technologies en classe anime souvent les discussions entre enseignants et parmi les responsables pédagogiques. Devrions-nous encourager ce type d’outils en classe? Améliorent-ils l’apprentissage chez les étudiants ? Ces questions semblaient légitimes à un moment donné vu la divergence des avis sur le sujet. De nos jours, ce débat est dépassé vu les progrès technologiques connus et les attentes des nouvelles générations. D’une part, les solutions technologiques actuelles permettent d’offrir une expérience pédagogique interactive et proche du réel. D’autre part, les étudiants d’aujourd’hui sont des digital natives et donc, attirés par les contenus numériques et audiovisuels, l’utilisation d’Internet, et l’apprentissage en mode rapide, participatif et ludique.

La technologie apporte une dimension d’innovation et donc de variété aux méthodes d’enseignement permettant ainsi de diversifier l’expérience pédagogique des étudiants et de répondre à leurs spécificités en matière de styles d’apprentissage. Elle introduit aussi un aspect ludique aux enseignements dispensés grâce notamment aux jeux d’entreprises et aux télévoteurs ce qui se traduit par une meilleure implication de la part des étudiants. Elle favorise l’apprentissage collaboratif en facilitant l’interaction avec les enseignants et entre les étudiants (plateforme électronique) et l’accès rapide et continu au matériel pédagogique devenu de plus en plus interactif (cours et/ou exercices en ligne). Elle permet de reproduire la réalité de l’entreprise en classe grâce notamment aux logiciels de simulation, favorisant ainsi l’apprentissage par la pratique lors des cours. Enfin, elle prolonge l’environnement d’apprentissage en dehors des classes en permettant l’enseignement et l’encadrement à distance et l’évaluation formative des étudiants.
Partant de là, la question qui mérite d’être posée consiste à savoir comment tirer profit de tous les outils technologiques disponibles dans le domaine de l’éducation. Au sein de ESCA École de Management, le choix a été fait depuis plusieurs années. Il prône l’introduction des nouvelles technologies dans le modèle pédagogique d’une manière progressive et complémentaire aux autres méthodes d’enseignement. Il insiste sur la finalité et non la nature de l’outil, en rappelant le principe selon lequel les méthodes pédagogiques mobilisées doivent être pensées par l’enseignant en fonction des objectifs de leurs cours. Dans des cas précis, les solutions technologiques apportent une expérience pédagogique dont l’étudiant a besoin pour développer les compétences visées. Ainsi, l’adoption des technologies en pédagogie n’est pas une fin en soi mais un moyen plus efficace que d’autres dans des conditions données.
Plusieurs éléments sont à prendre en considération pour réussir cette expérience. Le premier a trait à la maitrise technique des outils. En ce sens, il est important de souligner l’importance de former les utilisateurs aux différents technologies utilisées. Les difficultés rencontrées lors de la mobilisation de ces dernières en cours peuvent entrainer un manque de productivité et un rejet de la part des enseignants et des étudiants. Maintenant, même avec une formation préalable, il est essentiel d’accepter une période d’ajustement et d’apprentissage de la part des enseignants et des étudiants. Il faut aussi faire confiance à la capacité d’adaptation des étudiants et miser leur ouverture aux nouveautés. Le degré d’adoption et le rythme de leur introduction jouent aussi un rôle important dans le succès de l’utilisation des technologies en pédagogie. Le rapport de l’OCDE (2015) note que les pays ayant procédé à une informatisation rapide de leurs méthodes d’enseignement ont constaté un impact négatif. De plus, une utilisation incrémentale et conjointe avec les méthodes pédagogiques existantes favorise le processus d’adoption de ce type de technologies. En ce sens, les technologies ne devraient pas être considérée comme une alternative mais comme un levier de renforcement.